Extraits des Affiches du Poitou :
Recette à la Ciguë
Suite Mémoire de M. de la Garde, sur la Ciguë
ADP - n° 6 du 11/02/1773, pp. 23
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Bris de clocher (coup de foudre)
Extrait d'une Lettre écrite de Palluau, en Bas-Poitou, le 29 Janvier.
La nuit du 27 au 28 de ce mois, le tonnerre est tombé sur l'Eglise du Poiré, sous la Roche-sur-Yon ;
il a renversé une partie du grand Autel, brisé totalement un autre Autel, cassé toutes les vitres, rompu par le milieu le pignon qui sépare la Nef d'avec le Chœur, entièrement dépouillé le Clocher & la majeure partie de la Nef, considérablement endommagé plusieurs Piliers, & ce qu'il y a de plus fâcheux, la Voûte même du Chœur, de sorte que l'état actuel de cette Eglise, fait le plus triste spectacle, on n'y entre qu'avec frayeur. La Fabrique s'étoit épuisée pour l'embellir. Tous les ouvrages utiles & de décoration étoient finis depuis peu. On estime le dommage plus de 20 mille livres. Le St Sacrement a été transféré dans la Sacristie. On sera forcé de dire la Messe dans des Chapelles qui sont bien étroites pour contenir le peuple de cette Paroisse, qui est la plus étendue & la plus peuplée de tout le Diocese de Luçon. Le Presbytere, voisin de l'Eglise, a ressenti très vivement les effets du tonnerre ; cependant jusqu'à présent il n'y a que des vitres cassées, & une porte brisée ; mais le Chœur de la Nef ne tient à rien ; si malheureusement il vient à tomber, il écrasera nécessairement le Presbytere, ou la Nef de l'Eglise.
On apprend par d'autres lettres, que le même jour 27, on a essuyé dans l'Isle de Noirmoutiers, un ouragan affreux, mêlé de vent, de pluie, de grêle, de tonnerre & d'éclairs. Plusieurs barques de pêcheurs, qui étoient en mer, ont failli de périr, & n'ont regagné qu'avec peine le port, après avoir été long-temps battues par la tempête. Le moment le plus dangereux, fut vers les trois heures de l'après midi, le vent soufflant impétueusement au sud-ouest. On ne se rappelle pas dans cette isle, d'avoir jamais éprouvé une tempête aussi forte. Malgré la pluie & la grêle, toute l'athmosphere étoit en feu : on auroit dit que c'étoit l'instant d'une dissolution générale. Dans ce même temps, plusieurs personnes, qui voyageoient dans l'Isle, furent, pour ainsi dire, écrasées par la grêle. L'effroi joint à la douleur, les a mises dans l'état le plus déplorable : une femme en est morte sur le lieu, la Justice est allée lever son cadavre ; les autres erroient en faisant des cris affreux ; elle rentrerent enfin chez elles, & quelsques-unes sont en danger de mourir.
ADP - n° 6 du 11/02/1773, pp. 23-24
Commentaires :
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Ouragan et tremblement de terre à St Savin
Extrait d'une Lettre écrite de St Savin, le 30
Le 28 de ce mois, il s'éleva un ouragan furieux, qui fut précédé de quelques éclairs & de coups de tonnerre, assez considérables. Quelques particuliers de notre ville, sentirent même quelques secousses de tremblement de terre. Ces secousses n'ont pas été par-tout sensibles. Un particulier qui s'en est le plus apperçu, a souffert une perte considérable dans sa maison, dont une aile a été renversée. A la campagne, le désordre a été plus frappant. Tous les arbres qui se sont trouvés à la file dans un espace de plus de trois lieues, ont été ou déracinés quoique très gros, ou cassés par la moitié de la souche, ou dépouillés de toutes leurs branches qui ont été dispersés au loin. Le toit de plusieurs maisons a été découvert, & des portes brisées, & quelques bestiaux tués ou épouvantés. L'allarme augmenta encore par les mugissements redoublés des bœufs & des taureaux échapés de leurs étables ; delà les cris des laboureurs & des bergers, qui ne croyorent pas survivre à un tel désastre. L'effroi n a rendu plusieurs immobiles, & saisis, au point qu'il a fallu beaucoup de soin pour les rassurer sur les suites du bouleversement général dont ils se croyoient menacés.
ADP - n° 6 du 11/02/1773, p. 24
Commentaire : La question est de savoir si un tremblement de terre a bien eu lieu au même moment que cette tempête. Les dégâts provoqués par celle-ci ont pu masquer ceux qui auraient pu être causé par celui-là. Cela dit, et pour ce que j'en sais, il n'est pas si surprenant que les secousses aient été ressenties différemment d'un lieu à un autre : les constructions sur sol meuble (alluvions par exemple) résistent moins bien à un séisme que celles implantées sur un socle compact. Néanmoins il convient de mettre un doute raisonnable sur la réalité de ce tremblement de terre.
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Nieuil l'Espoir
ANTIQUITE
Vous avez paru curieux … de savoir qu'elle pouvoit être l'origine ou l'étymologie du surnom de « l'Espoir » donné à la paroisse de Niœuil, située à 3 lieues de Poitiers. Comme j'ai habité quelque temps cette contrée, j'ai fait des recherches, & voici quel en a été le fruit. Il y avoit autrefois à Niœuil, des forges où l'on fabriquoit des épées, destinées pour les soldats, & sur lesquelles on gravoit ce mot « l'Espoir ». Ces forges étoient situées entre le bourg de Niœuil & la maison de la Grenouillere ; des vieillards de qui je le tiens, m'ont dit en avoir vu des vestiges il n'y a pas 50 ans. Le mot « l'Espoir », gravé sur ces armes, étoit sans doute pour marquer que la France fondoit ses espérances sur leur succès. Il est à présumer que c'est à cette époque, dont j'ignore la date, que la paroisse de Niœuil a pris le surnom de « l'Espoir », qu'elle a toujours conservé depuis. …
ADP - n° 6 du 09/02/1775, p. 22
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Les faux monnayeurs
NOUVELLES
Châtellerault 15 pluviôse. Le 12 de ce mois, sur l'avis de la circulation de cinq à six pièces de six livres fausses, une femme, prévenue de la distribution, a été arrêtée avec son mari séjournant en cette commune depuis une décade ; et aujourd'hui 15, après bien des
perquisitions, le directeur du jury a saisi les instrumens (sic) de fabrication et quelques pièces : elle sont au millésime de 1726, au surplus grossièrement imitées.
PfD - n° 14 du 20 pluviôse an 8, p. 3 du supplément
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Le manant et le Magistrat
Humilité chrétiene (sic)
Un Magistrat de cette ville, aussi respectable par sa piété que par toutes les qualités qui forment le bon Juge, se trouva il y a quelques années à la Table de l'Autel, pour recevoir la Communion, à côté d'un homme du peuple ; comme il y avoit foule, celui-ci s'aperçut qu'il gênoit le Magistrat & voulut se retirer en lui faisant des excuses ; « non, restez », lui dit le Magistrat ; « je ne suis pas ici plus que vous ». Belle leçon !
ADP - n° 5 du 02/02/1775, p. 20
Commentaire : Ce n'était pas à la une, mais en dernière page ; mais c'était dans la presse.
Je n'ai pas encore lu si, plus tard, le Magistrat n'avait pas fait suspendre par le cou et au bout d'une corde le quidam en question.
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