Triplés de la Garnerie
Nouvelles de la Province.
Nous avons eu raison, en disant que les accouchements de trois enfants n'étoient pas des évenements fort rares. En voici encore un exemple dans cette Province. La femme de Jean Turpaud, vigneron, du village de la Garnerie, paroisse de Cicé, près Poitiers, est accouchée le 4 de ce mois, de deux garçons & une fille, qui ont vécu quelques jours. Il survit peu d'enfants de ces couches extraordinaires. Nous croyons que l'on nous permettra de remarquer qu'elles sont plus communes dans les campagnes que dans les villes.
AANADPP - n° 3 du 22/1/1773, p. 10
Commentaire : Encore des triplés. Où se trouve cette paroisse ?
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Le centenaire
Le nommé Fleurisel, mourut le 17 septembre 1771, dans l'Abbaye du Pin, Ordre de S. Bernard, à 3 lieues de cette ville, âgé de 115 ans, deux mois & deux jours. Il y étoit Domestique depuis l'âge de 7 ans. Ce fait est peut-être unique. On nous assure qu'il n'a pas encore été annoncé nulle part. Nous sommes flattés de dire que l'on trouve en Poitou d'aussi bons maîtres et d'aussi bons domestiques.
AANADPP – n° 3 du 21/1/1773, p. 10
Commentaire : Il s'agit vraisemblablement d'un surnom, et je n'ai pas trouvé dans les BMS de Béruges, ni en 1771, ni en 1772 de décès correspondant. Je ne sais pas où et comment chercher les sépultures de religieux : avaient-ils des registres à part, et y inscrivaient-ils les laïcs à leur service, inhumés dans leurs cimetières « privés » ?
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L'anorexique (suite)
Lettre à un Médecin.
Vous ne voulez donc pas, mon cher Docteur, ajouter foi à l'histoire que l'on raconte de cette femme du Bas-Poitou, qui depuis 8 mois, ne mange, ni ne boit, ni ne dort. Le fait paroit bien incroyable à d'autres qu'à vous. Il est pourtant encore affirmé par une lettre écrite le 12 de ce mois, des Herbiers, qui n'est éloigné de St Mars-la Réorthe, que d'une lieue. On ajoute que cette femme est fort exténuée ; que cependant, elle se leve tous les jours, & vaque à son ménage. Il y a là une circonstance qui me feroit douter du fait. Si cette femme se leve tous les jours, elle se couche donc ; &, si elle se couche, comment ose-t-on jurer qu'elle ne dort jamais ? il faut qu'on la veille sans cesse pour s'en assurer : ce qui me paroît très-pénible & très-extraordinaire. Je voudrois que quelque Médecin voulût examiner la chose de près, & en donnât son observation. Cependant, hors le défaut de sommeil, ce fait est dans le reste, moins surprenant qu'on ne pense, si ceux lui ressemblent son vrais. M. Fontenettes, Médecin à Poitiers, mort depuis quelques années, a donné, en 1737, une Dissertation sur une fille de Grenoble, qui ne buvoit ni ne mangeoit depuis 4 ans. Le Médecin Citoys, aussi de Poitiers, a rapporté une pareille abstinence d'une fille de Confollens. On en trouve plusieurs autres exemples au livre troisieme de la Pratique de Sennert. Voyez la Bibliotheque Historique & Critique du Poitou, tom. 5, pag. 24 & suiv. On peut voir encore dans les Mémoire d'Histoire, de Critique & de Littérature de l'Abbé d'Artigny, tom. 3, pag. 169 & suiv. l'histoire curieuse d'une prétendue abstinence d'une fille de Troyes. Des Médecins y furent encore trompés. Il fallut un Mandement de M. l'Evêque de Troyes, pour dissiper tous les prestiges que l'on mêla à cette aventure, & que l'opinion des Médecins avoit accrédités … au surplus ce n'est pas le seul phénomene qu'ait fourni le Bas-Poitou. Une femme qui ne boit, ni ne mange, ni ne dort, n'est pas plus extraordinaire qu'une femme qui n'a point de langue & qui parle. C'est pourtant ce que les Papiers Publics de toutes les Provinces que cette femme a parcourues, ont attesté successivement l'année dernière, sans qu'on ait ové faire la moindre plaisanterie, quoi-que le sujet en fût susceptible. Il y a apparemment des moments pour cela. Le Ventriloque, ou l'Engastrimithe de M. de la Chapelle a pu depuis faire croire plus aisément à cette femme merveilleuse qui parle sans langue. Combien de gens éclairés & de bonne foi, on cru pendant quelque temps à la vue perçante de Jean-Jacques Parangue ! Combien d'autres ont pensé que le Char-volant promis par M. Desforges, pouvoit s'exécuter ! Ce qu'il y de singulier, c'est que la plupart de ces contes se renouvellent, se reproduisent de temps en temps, sous d'autres formes, sous des noms différents. Il y a donc, mon cher Docteur, sur la terre, un cercle d'erreurs, que la charlatanerie & la crédulité ne cessent de parcourir. Heureusement, il y a aussi des vérités sacrées, consolantes, honorables. Espérons qu'un jour ces vérités détruiront l'empire de toutes les fausses opinions. (Du 14 Janvier 1773)
AANADPP - n° 3 du 21/1/1773, p. 12
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Recette
Secret pour faire revenir les Ecritures.
Mettez le Parchemin effacé par le temps, dans un seau d'eau de puits fraichement tirée. Au bout d'un instant, retirer le titre, mettez le sous presse entre deux papiers, pour l'empêcher de se racornir en se séchant. Lorsqu'il sera bien sec et airé, s'il n'est pas encore bien lisible, recommencez l'opération jusqu'à trois fois. L'encre revient dans son premier état ; le Parchemin ne change point de couleur, & en acquiert une uniforme. (Extrait du Supplément à la Diplomatique-Pratique de M. le Moine, contenant une méthode sûre pour apprendre à déchiffrer les anciennes Ecritures, & arranger les Archives.)
AANADPP - n° 3 du 21/1/1773, p. 12
source AD86