Extraits des Annonces, Affiches, Nouvelles et Avis divers de la Province de Poitou :
 
Empoisonneuse et arsenic
 
ARRESTS NOTABLES
Arrêt rendu par le Conseil Supérieur de Poitiers, le dix-sept Décembre 1772, qui condamne une femme à faire amende honorable, & à être brûlée vive
pour avoir empoisonné son mari : ordonne, sur le Réquisitoire de M. le Procureur Général, à tous Marchands Apothicaires, Epiciers, & autres à qui les
Réglements permettent de vendre de l'Arsenic & autres drogues dangereuses, de ne les vendre qu'à des chefs de famille, d'en tenir registre, où ils écrirons
par date & par article, leurs noms & qualité, & de leur faire signer le tout, conformément à l'article 7 de l'Edit du mois de Juillet 1682 : etc. (transmis à qui de
droit) pour connoitre ceux qui, au préjudice dudit Edit, pourroient avoir dans leurs boutiques quelques parties des minéraux y désignés, &c.
AANADPP - n° 2 du 14/1/1773, p. 4


 
Dolmen ?
 
On écrit de Melle le 25 Décembre, que l'on venoit de découvrir à Briou, dans un champ vulgairement appellé le champ de la Chapelle, un Tombeau de
pierre, dont la couverture est d'une grosseur énorme ; il a fallu employer 4 boeufs pour déplacer cette couverture, sur laquelle est gravée une croix, longue de
six pieds, & sur l'arbre & les deux branches de cette croix, est encore une multitude d'autres croix. On a trouvé dans ce tombeau, deux cadavres ou
squelettes, un grand & un petit, séparés l'un de l'autre par une brique épaisse d'un pouce, large de 14 pouces, avec un revers de chaque côté, & longue
de 18 pouces. On pourroit soupçonner que ces deux squelettes sont les corps d'une jeune femme & de son enfant ; la tête du plus grand cadavre a
conservé toutes ses dents.
 AANADPP - n° 2 du 14/1/1773, p. 8
 
 
Triplés à Montaigu
 
La femme de Jacques le Jeaud, journalier à Montaigu, accoucha le 23 Décembre de trois enfants, dont deux filles & un garçon, qui on vécu quelques
jours. Les accouchements de cette espece se remarquent, se citent même ; mais ils ne sont pas extraordinairement rares. Ils existe actuellement à la
Rochelle, une fille de 14 ans, née d'une pareille couche. Le fait que l'on va lire est plus étonnant.
AANADPP - n° 2 du 14/1/1773, p. 8
 
Commentaire :
Le fait suivant mentionné concerne les siamois de la Brassière.
 
 
Les siamois de la Bruffière (85)
 
Observation curieuse de deux enfants accollés ensembles, ne formant qu'un seul tronc depuis le col, jusqu'au dessous du nombril, ayan deux têtes, trois
bras & quatre jambes.
 
Le 31 Décembre 1772, la femme de Nicolas Guicheteau, de la Petite-Bretonniere, Paroisse de la Brassiere, marche commune de Poitou & de Bretagne,
est accouchée de trois enfants, un garçon bien conformé, & deux filles jointes & accollées ensemble depuis le haut du col, jusqu'au dessous du nombril, de
façon que ces deux filles ne forment qu'un seul tronc par le devant de la poitrine, n'ayant qu'un seul sternum & une seule cavité dans la poitrine, où étoient
logés deux coeurs, deux oesophages, deux trachées artere, &c. Ces deux enfants, ainsi accollés, n'avoient qu'un seul cordon ombilical, qui se divisait en deux,
après être entré dans le ventre, et deux foies. Je n'ai pu suivre l'examen des visceres du bas-ventre & de la poitrine, parce qu'un jeune Chirurgien, qui avoit
déterré ces enfants unis, les avoit ouverts & avoit emporté les deux coeurs, lorsqu'on nous les a apportés. Je n'ai pu m'assurer s'il y avoit deux estomacs. Les
deux têtes étoient bien proportionnées, & se regardoient face à face. L'union ne commence qu'au dessous des oreilles & des mâchoires inférieures, par la
peau du col, se sorte que les deux cols unis en devant, sont distincts par le derriere. Les vertebres se continuent aux deux, & forment deux colonnes
vertébrales depuis la premiere vertebre de chaque tête, jusqu'à l'extrêmité de chaque os sacrum. Ce n'est qu'à la poitrine que l'union est entiere, & au
dessous des vertebres du dos, les deux corps sont séparés. Il y a deux bras. Un des enfants a un bras droit en devant, & l'autre, un bras gauche par
derriere. Il y a un troisieme bras placé entre les deux colonnes vertébrales, qui a cela de singulier qu'il part d'une omoplate qui paroit formée de deux
omoplates ossefiées ensemble. Il n'y a qu'un seul humerus au bras, un cubitus, & un radius à l'avant-bras. Ce n'est qu'au métacarpe qu'on apperçoit deux
mains unies ensemble, ayant dix doigts distincts & séparés, accollés par les pouces qui se touchent. Ces deux filles accollées ensemble, sont venues
vivantes, & ont reçu le baptême, ainsi que le garçon, né de la même couche. Le pere est âgé de 56 ans, & a été marié deux fois. Sa premiere femme avoit
eu quatre enfants dans deux couches, deux à chaque couche.
Signé, Richard, D. M. (A Montaigu, le 4 Janvier 1773)
AANADPP - n° 2 du 14/1/1773, p. 8

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