Aux soins des Antonins

 Propriétaires du domaine de la Foucaudière de St Sauveur, Adam de Soissons et sa femme décident de donner leur domaine aux Antonins pour y fonder un hospice destiné à soigner le "mal ardent", mais aussi toutes les épidémies qui sévissaient à l'époque. L'église, consacrée au saint Sauveur et à saint Antoine, dépendait donc de la commanderie de la Foucaudière fondée en 1366.
L'édifice connaît une existence pour le moins tumultueuse. Dès 1379, l'église est dévastée par les bandes armées lors de la guerre de Cent Ans. La paix retrouvée, le commandeur Laurent Imbert va entreprendre avant 1493 une campagne de riches restaurations. Le monument est presque refait à neuf en style gothique flamboyant, caractérisé par le décor des baies, les arcs en accolades et les ogives à multiples nervures. Les guerres de Religion vont embraser en 1567 l'église qui renaîtra de ses cendres au début du XVIIème siècle. À cette époque, la commanderie est encore florissante. Pourtant à la fin du siècle un nouveau déclin s'amorce.
Le peuple, mieux nourri, n'est plus guère atteint d'ergotisme. L' ordre des Antonins périclite. A la veille de la Révolution, il ne reste plus un seul religieux dans la commanderie. La tourmente révolutionnaire vide l'église vendue comme bien national. Devenue paroissiale, l'église de la Foucaudière est rétablie sous le double vocable de Saint-Sauveur et de Saint-Antoine.

Un beau décor

Faisons une petite visite guidée du monument. Le porche soutenu par deux piliers sculptés abrite le portail au-dessus duquel une niche accueille une statue de Saint Antoine tenant un livre.
Passé le clocher, le visiteur débouche dans la chapelle Saint­Antoine qui appartient avec la tour du clocher à la partie la plus ancienne de l'édifice (XIVème siècle). Une petite porte surmontée d'une accolade permet d'accéder au cloître. La galerie orientale est la seule conservée. Couverte de voûtes angevines elle offre une série de chapiteaux historiés ornés de personnages ou de feuillages.
De retour dans l'église, la chapelle de la Vierge, à droite en regardant la nef, composée d'une travée carrée, est éclairée parune grande baie figurant l'Annonciation. A chaque angle des personnages sculptés supportent les arcs de la voûte. Des tableaux et un groupe en bois posé sur l'autel décorent cette partie de l'église. Trois travées couvertes de voûtes sur croisée d'ogive composent l'ancien chœur réservé aux chanoines. Les murs sont percés de grandes fenêtres en arc brisé. La grande baie du chœur est garnie d'un vitrail figurant l'Adoration des Mages. Au-dessus Saint-Antoine est représenté avec son bâton en forme de tau qui aurait servi, selon certains, de béquille pour le saint infirme. Enfin, le chevet plat, récemment restauré, domine le village. Les contreforts surmontés de pinacles rappellent ceux du clocher.
Aujourd'hui, la maladie de l'ergot de seigle a disparu. Il a fallu tout de même attendre le XVIIIème et XIXème siècle pour comprendre que ce champignon en contaminant le pain avait été le coupable de grandes catastrophes sanitaires. Certains historiens ont même émis l'hypothèse qu'il aurait pu être la cause des hallucinations de Jeanne d'Arc. Au XXème siècle, il rentrait dans la composition du LSD, un stupéfiant chimique mis point en 1938 dans les laboratoires Sandoz.