L’OURAGAN D’HIER

Hier, entre deux et trois heures, un ouragan violent, entremêlé de pluie, s’est déchaîné sur Poitiers.
Une partie importante du faîtage des bâtiments du Palais de justice situés du côté du passage connu sous le nom d’Echelle du Palais est tombé avec un fracas épouvantable sur la plate-forme de l’escalier. Les feuilles de plomb soulevées par le vent étaient énormes et ne mesuraient pas moins de 4 à 5 millimètres d’épaisseur ; déchirées et tordues, elles tombaient par morceaux de 50 à 60 centimètres de longueur.
Sur la Place du Marché, deux tuyaux de cheminée d’une hauteur de deux mètres ont été projetés en pleine voie publique.
Sur la Place d’Armes, ardoises, tuiles, platras tombaient comme grêle et les passants avaient toutes les peines du monde, à conserver leur équilibre.

L’ouragan du reste a causé des dégâts considérables aux toitures de la ville.
Sur le boulevard Pont-Achard, un des gros arbres bordant le trottoir a été arraché en partie et s’est incliné en arc-boutant sur un autre arbre placé en face de l’autre côté du boulevard.
Sur le plateau des Dunes, les dégâts ont été plus importants : l’un des pignons du parc à fourrages dont la construction venait d’être achevée et sur lequel on avait déjà placé la charpente en fer, a été renversé, et il n’est resté que deux ou trois mètres de bâtisse au-dessus des fondations.
En résumé, plusieurs habitations ont eu leurs tuyaux de cheminées enlevés, un grand nombre de toitures ont subi des dégâts sérieux ; mais nous n’avons pas entendu dire qu’il y ait eu d’accident de personne.

20 février 1879
Thermom. centig. minima de nuit : 1° 5 au-dessous de zéro. Maxima du jour, 8° au-dessus de zéro.
(Le Courrier de la Vienne et des Deux-Sèvres n° 43 du vendredi 21 février 1879)

L’OURAGAN DU 20 FÉVRIER

On nous écrit de Châtellerault :
L’ouragan dont le Courrier faisait mention hier n’a pas été aussi violent à Châtellerault qu’à Poitiers, néanmoins il aurait pu causer de graves accidents. Une pierre détachée d’un bâtiment du Collège est tombée dans une cour où les élèves étaient réunis quelques instants auparavant pour recevoir la visite du bœuf gras. De plus un des clochetons effilés du clocher de l’église Saint-Jean Baptiste a été emporté par le vent, et a enfoncé la toiture. Il n’en restera pas.
La Vienne est très grosse, et donne des craintes aux riverains.

(Le Courrier de la Vienne et des Deux-Sèvres n° 45 du dimanche 23 février 1879)

L’OURAGAN DE JEUDI A MONTMORILLON

Jeudi, 20 février courant, à 3 heures de l’après-midi, un épouvantable ouragan s’est déchaîné sur Montmorillon et ses environs et a occasionné des dégâts considérables qu’on évalue pas à moins de 50.000 francs. De mémoire d’hommes, on a rarement vu semblable tempête.
Les tuiles et les ardoises tombaient dru dans les rues, au point de compromettre la sûreté des passants, qui avaient de la peine à se tenir debout.
Au Cercle catholique en construction à Toutes-Joies (ville haute), deux murailles de 23 mètres de long sur 5 mètres de hauteur chacune se sont écroulées.
A la gare, une partie de la toiture du Château-d’eau couvert en zinc, a été emportée dans un champ à une distance de 80 mètres et un bec de gaz a été complètement retourné.
Au cimetière de Saint-Martial 130 tombes ou croix, ont été renversées ou brisées.
En ville, beaucoup de vitres cassées, des cheminées renversées et des toitures endommagées.
Au Léché, commune de Saulgé, les toitures d’un hangar et d’une bergerie ont été totalement enlevées.
A la Ville-Charrault, commune de Journet, 60 gros chênes plus que centenaires ont été déracinés.
Au château de la Lande, les toiturres ont été fortement endommagées.
Les arbres fruitiers et autres déracinés ou brisés aux alentours de la ville sont innombrables.
On n’a heureusement que des pertes matérielles à déplorer.

(Le Courrier de la Vienne et des Deux-Sèvres n° 45 du dimanche 23 février 1879)

Faits divers

On nous signale un acte de présence d’esprit très louable. Lors de l’ouragan, un gros peuplier est tombé près de Lessart sur la voie de chemin de fer.
Deux jeunes gens eurent l’heureuse idée de longer la voie et de se diriger, l’un vers Poitiers, l’autre vers Chasseneuil, afin de prévenir les trains. En agitant leur mouchoir et en criant, ils purent signaler le danger à un train de marchandises et à un train de voyageurs et parvinrent ainsi à conjurer une catastrophe. Il est regrettable que les noms de ces jeunes gens ne soient pas connus.

(L’Avenir de la Vienne n° 1676 du lundi 24 février 1879)

L’ouragan de jeudi dernier a, comme on peut le voir, eu son maximum de fureur dans la direction d’Angoulême à Limoges. A Poitiers, quelque fut son déchaînement, son intensité ne saurait se comparer à celle qu’il a eue sur la ligne que nous venons de préciser. Quelques cheminées enlevées, des feuilles de zinc de la toiture de l’hôtel de ville soulevées et tordues, quelques arbres brisés à Blossac, quelques javelles enlevées comme des plumes et portées au loin, les rues jonchées de tuiles, la toiture du palais de justice endommagée et quelques murs renversés, forment le bilan de cet ouragan. Il n’y a pas eu de très grands dommages en somme, ni d’accidents arrivés aux personnes….

(L’Avenir de la Vienne n° 1676 du lundi 24 février 1879)