Gaston Jean Charron est né à Poitiers le 28 septembre 1908 de parents instituteurs tous les deux. Normalien de formation, il exercera quelques temps le métier de professeur en philosophie avant de devenir journaliste à la Tribune Républicaine à Saint-Etienne.
Il prit le surnom de Jean Nocher, très certainement en lien avec la mythologie grecque. Fils de l'Érèbe et de la Nuit, Charon est le nocher (le pilote de la barque) des Enfers. Sur les marais de l'Achéron, il faisait traverser le Styx, contre une obole, aux âmes des morts ayant reçu une sépulture.
Il deviendra le responsable du groupe de résistance "Franc-Tireur" dans la Loire. Accusé par Vichy d'être juif, alors que seule sa femme l'était, il apportera à son accusateur sa généalogie sur 6 générations, avec 32 extraits de naissance. Il fondera le journal clandestin "L'espoir" qui sera le journal principal de la région après-guerre. Il sera élu député de la Loire et animera une chronique radiophonique quotidienne "En direct avec vous" jusqu’à sa mort en 1967. C'était une voix connue, à l'époque, de millions d'auditeurs qui disparaissait. Une place de Saint Etienne porte son nom.
Paul Marion, censeur de Vichy, avait écrit au directeur de La tribune républicaine de Saint-Etienne à propos d'un de ses journalistes, Jean Nocher. Dans la lettre, il disait notamment :
"Par ailleurs, si ce que l'on affirme communément sur les origines raciales de M. Nocher était exact, je vous serais reconnaissant de bien vouloir vous conformer aux dispositions de la loi du 3 octobre 1940 qui interdit formellement aux journaux d'employer des rédacteurs juifs..."
La réponse de Jean Nocher a été de fournir son arbre généalogique jusqu’à la 6ieme génération, voici un extrait de sa réponse :
« Monsieur le Secrétaire général adjoint,
Le Directeur de la Tribune me communique votre lettre.
J'aurai l'honneur de déposer demain à vos bureaux mes certificats de baptême et les trente-deux extraits de naissance afférents à mon ascendance jusqu'à la sixième génération inclusivement.
Pour simplifier les choses, je vous signale que mes grands-pères à la troisième génération s’appellent : Charon, Augereau (le général n'était pas juif), Largeau (le général n'était pas juif), Richard, et mes grand-mères : Baranger, Bonnin, Chargeleygue et Couilbault (elle pourrait s'appeler Bellecouille: elle fait ce qu'elle peut).
Je vous signale par ailleurs qu'il n'est pas communément admis que je sois Israélite. »
Ses ancêtres dans la Vienne viennent de sa mère, Marie Augereau, née à Brux, comme la liste ci-dessous le montre :
- Gaston Jean (dit Jean) CHARON (DIT NOCHER) né à Poitiers (86) en 1908
- Gaston Émile René CHARON né à Niort (79)
- Marie AUGEREAU née à Brux (86)
- Gaston Alphonse CHARON né à Niort (79)
- Marie Élisa LARGEAU née à Niort (79)
- Jean Chéri AUGEREAU né à Brux (86)
- Angélique BARANGER née à Iteuil (86)
- René Louis CHARON né à Longué-Jumelles (49)
- Émilie COUILBAULT née à Chemillé (49)
- André LARGEAU né à Niort (79)
- Hortense BONNIN née à Saint-Georges-du-Bois (17)
- Moïse AUGEREAU né à Saint-Vincent-la-Châtre (79))
- Marie RICHARD née à Brux (86)
- Jean BARANGER né à Marigny-Chemereau (86)
- Marie CHARGELEGUE née à Jazeneuil (86)
En conclusion, un arbre généalogique peut avoir d’autre utilité que l’amour de ses ancêtres.
cf généalogie détaillée de Jean Nocher