#challengeAZ
Bellot, Bellot, on s’y perdrait tant le patronyme est courant et tant sont nombreuses les personnalités qui l’ont porté. Pêle-mêle : un explorateur perdu dans le grand-nord canadien, un écrivain occitan, un bâtisseur de ports et canaux en Normandie, un juriste-consulte sous la Restauration à Genève, un prélat, un peintre lorrain sous Henri IV, etc, etc. Une ville, des rues, une île, un détroit, et même un cratère sur la Lune portent ce beau nom, beau comme … Bellot !
Stop. Rétro.
En Poitou, Bellot c’est d’abord la boulange : la meunerie et le bon pain.
Plusieurs familles y portent ce nom mais, il y a une douzaine d’années, l’une d’elles a attiré 2 lointains cousins, fille et A-petit-fils de Bellot. Ajoutons à cela un grain de folie, une bonne pincée de passion, l’aide ô combien efficace d’un certain Jacques (merveilleux bénévole de GE86 qui se reconnaîtra) pour la recherche et la transmission de photos d’actes notariés et environ 10000 heures de fouille, de lecture et de décryptage, et voici la 3è plus grande dynastie française actuellement connue, avec au moins 1080 descendants agnatiques* (porteurs du nom) de l’aïeul.
L’aïeul, c’est moi, François Bellot.
Mes parents, catholiques, ont échappé aux massacres de la Saint-Barthélémy où se sont entre-déchirés les partisans et les opposés de la Réforme. Puis je suis né sous le règne d’Henri III, sans doute au Moulin des Ludes à Marçay, à cinq lieues au sud de Poitiers. C’est là que j’y ai été marchand-meunier mais aussi notaire pour le baron de Celle-l’Evescault. Mon épouse Jeanne Adien m’a donné 5 fils et peut-être aussi quelques filles, mais là, désolé … ma mémoire flanche.
Catherin, l’aîné de mes fils reprit le Moulin des Ludes. André et Jean furent aussi marchands-meuniers, mais au Lizelier d’Iteuil que j’avais arrenté pour eux. Quelques années plus tard, Jean devint notaire pour le compte des Seigneurs de Celle-l’Evescault et de Vivonne, attributions laissées vacantes par son frère Louis qui s’installa à Poitiers avant de prendre sa retraite à Civaux. Quant à Barthélémy, il fut marchand-drapier à Coulombiers. On trouva à son décès un long inventaire d’actes notariés citant des cahiers, minutes et autres protocoles de l’office Bellot du Moulin des Ludes.
J’ai eu au moins 28 petits-enfants et 83 arrière-petits-enfants.
14 générations plus tard, bon courage à qui listera tous mes descendants, probablement entre 10 et 12000.
Mais au moins 1080* personnes sont connues pour avoir porté, ou portent encore mon nom !
Que sont devenus ces 1080 Bellot ?
Beaucoup de meuniers et de boulangers, mais aussi des artisans, de nombreux notaires royaux, curieusement issus en majorité de la branche de Barthélémy qui fut drapier. On trouve aussi des magistrats, des marchands de toutes sortes, des cultivateurs et des domestiques, des fonctionnaires, des prêtres et des officiers, puis des médecins, des maires, des polytechniciens, un évêque, des boulangers encore, mais aussi des illettrés et bien sûr des Morts pour la France.
Que dire d’une telle famille, si gigantesque soit-elle ?
Elle ressemble à beaucoup d’autres, où talents, chance et zèle font des destinées variées. Mais on retiendra une lettre émouvante d’une dame Bellot qui raconte l’affection qu’elle porte à sa fidèle domestique, aussi Bellot, sachant très bien l’une comme l’autre qu’elles sont parentes. Si leur destin n’a pas été le même, le lien qui les unit demeure. Paternalisme, humanisme ? Peut-être. Mais pourquoi pas aussi un certain sens de la famille ?
*Ce chiffre ne tient évidemment pas compte des nombreux agnatiques Bellot du 20è siècle dont les actes récents nous sont encore inconnus. Si certains se reconnaissent, merci de faire signe !
Pour les curieux, notre arbre se trouve sur Généanet (bcappatti) depuis 2010.