L'UNIFORME DU LYCEE DE GARCONS DE POITIERS DANS LA PREMIERE MOITIE DU XIXème SIECLE

Grâce aux inventaires et comptes-rendus d'Inspection, de règlement concernant le Lycée de Poitiers, on peut suivre l'histoire de l'uniforme des collégiens de 1804 à 1848.
Réf : catalogue T10, l.438-442-445 des Archives Départementales qui donne la liste des documents déposés par les Archives du Rectorat de Poitiers et les Archives de l'Inspection Académique.

ORGANISATION MILITAIRE DE L'INTERNAT 

L'uniforme des élèves est le symbole de l'organisation et de la discipline militaire dont chaque élève devait se pénétrer, comme dans le "Règlement de Police pour les lycées de l'Université Impériale" du 29 septembre 1809.

Quelques extraits du règlement :
 

  • Art. 37 -  "Il y aura dans chaque lycée un maître d'exercices.... Il leur enseignera le maniement des armes et l'école de peloton".
  • Art. 38 -  "Il divisera pour les exercices militaires les élèves en compagnies de 25. 
  • Dans chaque compagnie un sergent et 4 caporaux".
  • Art. 56 -  Ces élèves ne peuvent paraître hors du lycée qu'avec leur uniforme".

 

 

La privation d'uniforme punit une faute grave :

  • - Les arrêts  (punition pendant la récréation).
  • - La table de pénitence (au réfectoire).
  • - La privation de l'uniforme qui sera remplacé par un habit d'une étoffe grossière et d'une forme particulière ne permettra pas à l'élève à qui elle sera infligée, de marcher dans les rangs.
  • - La prison.

Perdre son uniforme, c'était en même temps, perdre sa dignité.

On revêtait ce costume pour la promenade qui se faisait en rang, au pas militaire, précédée d'un tambour.
  (lettre du censeur au recteur, le 1er mars 1810).
Cet uniforme des collégiens internes était constitué "de drap d'Elbeuf bleu de roi et bleu de ciel" dont les échantillons choisis par le proviseur étaient envoyés pour approbation à Paris, au Conseil de l'Université (lettre du 5 juin 1813).

Le règlement exigeant pour les costumes d'uniforme même étoffe et même coupe, ces vêtements doivent être confectionnés par le tailleur attaché au collège et avec des étoffes fournies par l'établissement.
Comme au temps du Collège Impérial, les commandes du Collège Royal passent par le recteur.
L'aulne de cuir de laine est recommandée pour les pantalons. L'aulne de drap bleu pour les habits.
La toile pour drap et chemises est achetée aux foires de la Saint-Luc ou de la Mi-Carême à Poitiers. Le marché et conclu à l'amiable ou à prix à débattre.
Chaque établissement emploie tailleur, cordonnier, chapelier dont les prestations sont en partie financées par les élèves.

  Le blanchissage du linge se fait en ville par une buandière, payée par le collège.
Le soin du linge est réservé aux femmes. La lingerie fut installée dans une partie retirée de la maison.
 (art.127 du règlement du 19 septembre 1809) : il ne fallait pas imposer aux jeunes lycéens la vue des femmes, objets de luxure.
"La buanderie, la lingerie, si elles sont confiées à des femmes, seront placées dans des corps isolés dont l'entrée et la sortie n'auront aucune communication avec l'intérieur des bâtiments."
Après la lingerie, l'inspecteur d'académie vérifiait l'état des vestiaires où les élèves disposaient leurs vêtements d'uniforme.
  Après la messe obligatoire du dimanche matin, on quittait son uniforme pour le reprendre pour les vêpres et la promenade de l'après-midi. On le déposait au vestiaire où un domestique était chargé du "brossage et du battage".
L'uniformisation générale pour tous les collèges est préconisée courant 1843.
Article d'après Hélène Mathurin, publié dans la revue régionale bimestrielle LE PICTON de mars/avril 1985