Venons en aux institutions locales et en particulier à ces personnages des syndics :
Au cours du 18ème siècle, les syndics, y compris le syndic général qui était leur superviseur, sont élus ou plutôt cooptés pour de courtes durées, d’un an en général, au sein d’une frange restreinte de la population qualifiée de « la plus saine », « la plus compétente », « la plus apte » pour justifier cette sélection. Quelquefois ils sont aussi appelés « les plus intelligents ». Ce sont des gens de biens, et l’on peut identifier cette petite oligarchie au travers des actes notariés qui mettent en jeu ces syndics et leurs activités. Pour Saint Méard, c’est environ une douzaine de personnes qui « tournent » dans ces fonctions, sur ces postes de syndics.

Une douzaine de personnes, ce n’est pas numériquement très différent d’un conseil municipal actuel, sauf qu’il s’agissait d’un suffrage restreint et non universel, et il nous faut parler de cooptation  plutôt que d’élection. Ces syndics qui se choisissaient entre eux, « ce sont toujours les mêmes », devaient sans doute se dire les contestataires du système.
Quelles étaient leurs tâches ? leurs responsabilités ?
Elles étaient en fait plus importantes que celles d’un conseil municipal aujourd’hui. Ils étaient ainsi chargés du calcul de l’assiette de l’impôt et de la collecte de cet impôt et des taxes. Ils jouaient un rôle dans la conscription et devaient désigner au sein de la population les futurs soldats qui iraient servir dans les armées du roi. Parfois, ils pouvaient être chargés d’une mission particulière, comme de veiller aux conditions de vie des plus pauvres – nous avons alors un syndic des pauvres à cet effet et qui peut prendre des mesures en faveur de ceux-ci.
Toutes ces actions engagées par les syndics, leur élection et leur nomination, font l’objet d’actes notariés pris au nom du roi et rédigés sous l’autorité du notaire qui est détenteur du sceau royal. Il nous faut imaginer une société judiciarisée à l’extrême. On avait besoin d’un notaire pour des litiges de voisinage, pour l’officialisation d’un devis, jusqu’à parfois la confection d’un simple vêtement.\"


Source : Conférence présentée par Claude R. en janvier 2005 à Saint Méard de Dronne